NOTRE
VOYAGE
Jour
1 : le voyage d'aller
Mois
d'août. Décollage de Paris... Première escale
à Copenhague pour nous donner un petit avant-goût
nordique. Nous avons 3 ou 4 heures pour visiter la capitale
danoise avec laquelle nous ne nous sentons que moyennement d'affinités,
puis nous reprenons l'avion.
Encore quatre heures pendant lesquelles nous survolons la Mer
du Nord au large des îles britanniques et des Iles Féroé...
Enfin, je vois mon premier iceberg ! Une petite tache blanche
dans le bleu immense de la mer... Quand nous arrivons au-dessus
du Groenland, tout devient blanc, si ce n'est l'ombre bleue
que projettent les nuages sur la calotte glaciaire.
Attention: éteignez tout appareil électronique
pendant
les phases de décollage et d'atterrissage de votre avion.
A Kangerlussuaq,
nous foulons le sol groenlandais pour la première fois
pour une dernière correspondance. L'attente est un peu
longue avant qu'un petit avion nous emmène à Ilulissat.
Avec ses maisons de bois colorées blotties dans un environnement
rocheux et austère au bord de la mer, la ville a un aspect
rustique plaisant. Nous sommes à 69,2° de latitude
Nord, à 300 km au-dessus du cercle polaire arctique.
Silver,
notre correspondant local, nous accueille et nous conduit à
l'hôtel. Le quartier, plus ou moins en travaux, ne paye
d'abord pas de mine, néanmoins nous voilà avec
les clefs d'un petit bungalow qui fait face à la mer.
Le jour
n'en finit pas de décliner à l'horizon. Les formes
sombres des icebergs glissent lentement vers le large. Nous
goûtons les sensations indicibles que procure le fait
de se trouver dans un lieu, et non plus seulement de le voir
en images... Ca y est, on y est !!! ^__^
Ilulissat
Jour
2 : Ilulissat et Ataa
Nous
avons le temps de nous balader en ville toute la matinée.
Pendant la nuit, la baie s'est couverte de petits morceaux de
glace immaculée. Devant ce paysage qui nous est inhabituel,
j'ai l'impression de faire un peu plus connaissance avec notre
planète.
Les
chiens de traîneaux, nombreux dans les jardins, attendent
l'hiver au bout de leur chaîne.
De temps en temps une voiture passe, et il est étrange
de se dire qu'elle ne sert que dans Ilulissat, aucune route
ne reliant les villes groenlandaises entre elles (on se déplace
de l'une à l'autre par bateau ou par avion).
Discrètement,
nous observons une autochtone hisser un bloc de glace sur les
rochers avec une pelle puis le concasser afin de le rapporter
chez elle, dans un seau. Besoin d'eau douce? Hop, un p'tit bout
d'iceberg...
Après
le déjeuner, nous prenons un petit bateau rouge: direction
Ataa, un ancien village de pêcheurs proposant une infrastructure
d'accueil.
Nous nous réjouissons d'être les seuls clients
cette semaine (désolés pour l'agence de voyage,
mais bon... ^^): cela renforce notre sensation d'escapade au
bout du monde.
Nous
naviguons d'abord sous un soleil radieux qui rend les icebergs
éblouissants. A mi-chemin, du brouillard oblige le bateau
à ralentir son allure déjà nonchalante,
et le paysage prend un aspect encore plus irréel. Nous
mettrons près de cinq heures pour parcourir les 60 kilomètres
qui séparent Ataa d'Ilulissat !
Finalement,
nous n'y sommes pas seuls: un groupe de randonneurs menés
par deux guides de Terre d'Aventures fait également escale
à Ataa ce soir-là, et c'est l'occasion de recueillir
leurs témoignages enthousiastes sur la région.
Ensemble, nous dînons de truites pêchées
dans le lac d'à côté par Leonardo le cuisinier,
et de radis plantés par notre propre guide, Jeff, avec
qui nous faisons également connaissance et qui nous a
fait faire un premier tour commenté des lieux. Outre
l'historique d'Ataa, nous apprenons à identifier les
plantes locales comestibles - ce qui s'avérera utile
plus tard...
Jour
3 : Eqi, Port Victor et kayak
Il
fait déjà clair à quatre heures du matin
et le reste de la "nuit", jusqu'au lever, semble interminable.
Notre notion du temps commence à être chamboulée.
Toute la journée, le soleil paraît prendre son
temps dans le ciel.
Le
bateau que nous avons pris la veille nous emmène au glacier
Eqi en compagnie du groupe de Terre d'Aventures qui nous quitte
une fois arrivés à Port Victor. Pendant que les
autres déchargent leur matériel, nous allons en
reconnaissance. Sur les conseils salvateurs des randonneurs,
nous nous sommes munis de moustiquaires pour la tête:
c'est moche, certes, mais au diable l'esthétisme car
une fois à terre, une armada de moucherons voraces nous
assaille!
Le débarcadère
de Port Victor
Port
Victor est tout petit, mais quelle vue ! Après le débarcadère,
un sentier abrupt serpentant entre les rochers conduit à
la vieille cabane rouge de Paul-Emile Victor, camp n°1 d'où
les Expéditions Polaires Françaises partaient
étudier la calotte glaciaire entre 1948 et 1953. Cette
immense étendue de glace, aussi appelée inlandsis,
recouvre en permanence 85% de la surface totale du pays. Les
explorateurs ne rigolaient pas tous les jours. A l'intérieur,
sur les murs recouverts de papier jauni, on peut lire ces inscriptions
à la main: "Qu'est-ce qu'on est venus faire ici
/ On serait mieux chez nous"...
La
cabane sert aujourd'hui de refuge aux randonneurs. D'ici, la
piste des Français permet de rejoindre l'inlandsis. Nous
y ferons nous-mêmes une excursion pendant le séjour,
en partant d'un autre point. Un peu plus loin, nous remarquons
plusieurs petits bungalows de tourisme flambants neufs: c'est
Ice Camp Eqi, qui offre évidemment un panorama superbe.
Le glacier Eqi
Pour
le moment, nous rentrons à Ataa. La mer charrie une multitude
de débris de glace tombés du glacier, parmi lesquels
le bateau progresse précautionneusement. Le froid est
vivifiant et le paysage de toute beauté. Malgré
cela, les trajets en bateau nous semblent un peu longs, d'autant
plus que les distances semblent courtes sur la carte.
L'après-midi,
Jeff nous initie au kayak en mer. La préparation du matériel
est quelque peu fastidieuse. Par-dessus nos vêtements,
nous enfilons des combinaisons étanches et des bottes.
Pagayer s'avère assez fatigant pour nous, débutants,
mais l'expérience est exaltante. Nous approchons tout
doucement l'un des icebergs qui stationnent dans la baie d'Ataa,
pour le toucher de la main... Il est relativement petit à
la surface, mais son volume immergé est réellement
impressionnant.
La
prudence est cependant de mise. La masse et la forme d'un iceberg
changeant au fur et à mesure qu'il fond au soleil, son
centre de gravité se déplace, ce qui peut entraîner
le retournement soudain de l'iceberg. Il peut également
se scinder brutalement en morceaux. Tous ces mouvements de la
glace soulèvent des vagues qui peuvent être extrêmement
dangereuses si l'on se trouve à proximité, a fortiori
dans une petite embarcation qui peut se retourner. Nous gardons
toujours un oeil et une oreille tendus vers les icebergs qui
nous entourent, prêts à nous positionner pour prendre
la vague de face si l'un d'entre eux venait à bouger.
Ataa le soir
Lors
d'un arrêt dans une petite crique, notre guide, véritable
amoureux du Groenland, nous fournit des informations supplémentaires
sur le pays et plus particulièrement sur la civilisation
inuit. C'est également l'occasion de ramasser des moules
pour le dîner. La
soirée en petit comité nous permet de faire plus
ample connaissance avec nos hôtes et de profiter enfin
pleinement de la solitude du lieu.
Jour
4: rando et hors-bord
Notre
intention pour la matinée est de grimper au sommet de
la colline qui surplombe Ataa et d'où, nous dit-on, on
peut apercevoir l'inlandsis au loin. "Comptez deux heures
pour monter", nous dit-on également. Cela nous semble
d'abord exagéré, la colline n'ayant pas l'air
de présenter particulièrement de difficulté.
Cependant, le terrain, accidenté et plein d'irrégularités,
confirme les dires de nos hôtes. La progression est de
moins en moins aisé à mesure que nous abordons
la pente, qui se révèle beaucoup plus abrupte
qu'elle ne le semblait vue de loin. Au bout de deux heures,
nous en sommes toujours à nous escrimer à escalader
les rochers, le sommet est encore loin, et il nous faut penser
au retour ! S'il y avait une piste à suivre parmi toute
cette broussaille, nous l'avons manquée.
Heureusement, nos efforts ne sont pas vains : du promontoire
rocheux d'où nous repartons en arrière, nous apercevons
tout de même l'inlandsis qui barre l'horizon d'un trait
blanc et lumineux.
Ca
n'a l'air de rien à grimper, comme ça...
Après
un déjeuner rapide, il est temps de partir avec Jeff
pour le glacier Eqi où nous allons jouer les Robinson
pendant trois jours. Le bateau rouge étant reparti pour
Ilulissat, c'est dans un petit hors-bord piloté par Leonardo
que nous embarquons.
à
suivre...
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